La BCE a lancé en janvier 2020 une revue de sa stratégie de politique monétaire. Une question centrale est la définition de l'objectif de stabilité des prix. L'objectif actuel d'un taux d'inflation « inférieur à, mais proche de, 2 % » demeure-t-il adapté au contexte actuel de la politique monétaire ? Un des workstreams (les groupes de travail de l'Eurosystème sur la revue de la stratégie) étudie les différents aspects de cette question.
Quelques interrogations que le groupe se pose : quel est le niveau optimal de la cible d'inflation ? En faut-il une définition symétrique ? Faut-il préférer une valeur focale (par exemple 2 %) ou les performances sont-elles meilleures lorsque la banque centrale définit l'objectif sous forme d'une « bande » (par exemple une inflation comprise entre 1 et 3 %) comme dans certains pays. La BCE doit-elle chercher à atteindre l'objectif en moyenne sur des fenêtres de temps précises ? Ou aller jusqu'à compenser des périodes passées d'inflation faible par des périodes où l'inflation dépasserait durablement la cible, comme la banque centrale des États-Unis l'a décidé en août 2020 ?
Les experts de la Direction des Études monétaires et financières et de la Direction des Études Microéconomiques et Structurelles (DGSEI) participent activement à ces travaux. Hervé Le Bihan (co-président du groupe) et Stéphane Dupraz représentent formellement la Banque au sein de ce groupe de travail. Les principales analyses du groupe ont été présentées au Conseil des Gouverneurs de la BCE le 18 novembre 2020. Les études sous-jacentes seront présentées à la Banque dans nos séminaires de recherche et publiées dans notre série de documents de travail (notamment par Erwan Gautier, Christoph Grosse Steffen, Magali Marx, Julien Matheron et Adrian Penalver).
La revue de la stratégie se poursuit, et le Conseil des Gouverneurs devrait en donner les conclusions après l'été 2021. Ce grand chantier comprend différents autres volets comme l'évaluation des nouveaux outils de la politique monétaire, la stabilité financière, mais aussi la mesure de l'inflation, et des enjeux plus récemment pris en considération par les banques centrales, comme le changement climatique ou les inégalités. C'est également l'occasion d'échanges inédits entre les banques centrales et différents publics, comme lors du direct « La Banque de France à votre écoute » en février.
