La Banque de France, l'EHESS et le RIETI (Research Institute of Economy, Trade and Industry, à Tokyo) ont co-organisé le 12 juillet 2021 dans le cadre de la Fondation France-Japon (FFJ) un atelier* virtuel dédié aux conséquences de la crise Covid-19 sur les économies asiatiques et européennes.

Les échanges riches ont réuni des chercheurs japonais et européens, invités par Willem Thorbecke, lauréat 2020-2021 de la Chaire FFJ - Banque de France de Macroéconomie et politique économique, et Sebastien Lechevalier, directeur d'étude à l'EHESS.
Yasuyuki Todo (Université Waseda et RIETI) étudie la propagation des effets d'un confinement régional aux autres préfectures via les chaînes de valeur. Le chercheur estime qu'une coordination des politiques sanitaires régionales est nécessaire pour minimiser les effets négatifs d'un confinement.
Ottavia Papagalli (Scuola Superiore Sant' Anna) a présenté une étude co-écrite avec des économistes de la BCE sur le rôle des structures sectorielles et des liens commerciaux dans l'impact régional de la crise sanitaire en termes d'emploi précaire. Au-delà de l'exposition directe aux mesures de restrictions sanitaires, la structure et l'intensité des échanges commerciaux entre régions déterminent la propagation des chocs. Là encore, une coordination des politiques de soutien en fonction de la structure des chaînes de valeur permettrait une meilleure sortie de crise.
Willem Thorbecke (FFJ, RIETI) a présenté son travail sur l'impact différencié par pays de la crise Covid-19 sur les marchés actions. Si les politiques qui ont minimisé les impacts sanitaires se sont traduites par une hausse des marchés actions, la structure de l'économie est également déterminante, avec une chute des cours pour les industries les plus directement affectées par la pandémie (automobile, tourisme, restauration, aéronautique, banques…) et au contraire une hausse pour les industries qui en ont bénéficié (informatique, services numériques, équipements médicaux, pharmacie…).
Enfin, Nicolas Chatelais (BdF) a exposé les facteurs déterminants des impacts macroéconomiques de la crise sanitaire dans chaque pays. L'intensité de l'épidémie n'explique qu'une faible part du choc sur le PIB des grandes économies en 2020. La moitié du choc résulte de la réaction des pouvoirs publics (en matière de restrictions sanitaires) et des agents économiques privés (restrictions volontaires). L'autre moitié s'explique par la spécialisation sectorielle (part du tourisme essentiellement, niveau de développement technologique), la situation démographique, sociale et économique d'avant-crise ; l'impact du stimulus fiscal mis en place en 2020 ne jouant qu'un rôle limité. Le choix de la stratégie de « quarantaine contrôlée » visant à contenir strictement la pandémie aurait conduit à une moindre baisse de PIB en 2020 que la stratégie du « vivre avec ». La baisse de PIB en 2020 a été moindre aux États-Unis qu'en Europe, du fait essentiellement de plus faibles contraintes sanitaires, d'une spécialisation sectorielle différente.